Éditeur : Mercure de France - Date de parution : Août 2012 - 183 splendides et bouleversantes...
Jésuralem, 2002, elles
sont deux jeunes filles âgées de dix-sept ans. Elles se ressemblent
physiquement, on pourrait même les confondre. Sarah l’américaine Juive d’origine polonaise arrivée
en Israël avec sa mère après les attentats du 11 septembre à New-York et Leïla la palestinienne musulmane qui vit recluse avec sa famille dans un camp
de réfugiés en Cisjordanie.
Deux voix s’élèvent dans ce roman, celle Sarah et celle de Leïla . Deux voix, deux regard qui se croisent un instant au pied du Mur à Jérusalem après
que Sarah soit venue s’installer en Israël avec sa mère. Une femme meurtrie dont
la mère polonaise a été tuée dans un camp
de concentration et qui porte en elle le poids de la Shoah. Les attentats du 11 septembre ont ravivé
les démons de cette peur de ne pas être
à l’abri. Effroi insidieux distillé dans le sang et dans la chair. Partir pour
rejoindre Israël, le pays de ses ancêtres où David le frère aîné de Sarah vit
déjà. Sarah découvre le pays, son nouveau lycée et se fait des nouveaux amis. Apprentissage
de la langue et de la réflexion, la conviction que cette terre est un dû s'ébranle.
Enfant, Leïla jouait à l'Intifada, aimait que son frère lui lise de la poésie anglaise lui qui attendait une bourse pour étudier à l’étranger. Adolescente, elle a aidé ses frères comme les autre sœurs et mères. Sans choix possible. Elle s’enferme dans des rêves, s’imagine à Londres : les soldats n' ont pas encore appris à barbeler nos âmes. Sarah vit comme une jeune fille de son âge et tombe amoureuse, Leïla ne connaît que les camps, ses règles et des dés pipés. Chacune apprend la version que leur livre d'histoire raconte, des versions bien entendu différentes.
Mais l’Intifada les rattrapera toutes les deux avec un attentat qui emmure Leïla dans une spirale et plonge Sarah dans la haine. Les deux jeunes filles se retrouveront à Jérusalem. Juste pour une ultime et dernière fois.
Enfant, Leïla jouait à l'Intifada, aimait que son frère lui lise de la poésie anglaise lui qui attendait une bourse pour étudier à l’étranger. Adolescente, elle a aidé ses frères comme les autre sœurs et mères. Sans choix possible. Elle s’enferme dans des rêves, s’imagine à Londres : les soldats n' ont pas encore appris à barbeler nos âmes. Sarah vit comme une jeune fille de son âge et tombe amoureuse, Leïla ne connaît que les camps, ses règles et des dés pipés. Chacune apprend la version que leur livre d'histoire raconte, des versions bien entendu différentes.
Mais l’Intifada les rattrapera toutes les deux avec un attentat qui emmure Leïla dans une spirale et plonge Sarah dans la haine. Les deux jeunes filles se retrouveront à Jérusalem. Juste pour une ultime et dernière fois.
L‘écriture de Gwénaëlle Aubry est sublime, insufflant la vie aux âmes, à tous ces morts qui charrient leur histoire et pèsent sur le destin des habitants de Jérusalem et des deux jeunes filles. Du conflit Israélo-palestinien, elle fait ressortir la gangrène de la peur, la soif de vengeance distillée comme du poison, le carcan de l’héritage familial, le souvenir "devoir" envers des défunts, les droits pour un même sol. Mais
il y a aussi le quotidien de
Sarah et de Leïla : leurs espoirs, leurs rêves, leurs désirs et aussi leurs rires. Aussi rares soient-ils. Un livre
bouleversant sur ce qui unit, partage, rassemble ou divise que j’ai hérissé de marque-pages.
Une lecture en apnée totale avec des larmes aux lisières des yeux. Et c’en est presque terrible d’écrire que j’ai trouvé ce livre splendide…
... Et il faut que Sarah comprenne dans quelle folie elle vit. Et comme je la regardais stupéfaite, elle reprit : oui, tous ici, Israéliens et Palestiniens, Arabes et Juifs, comme tu voudras, nous partageons la même folie, c’est elle qui, comme la terre, nous divise et nous réunit. Nous partageons une même hantise, tous, nous sommes habités par des cohortes de morts. Elle se tut un instant et puis, les yeux baissés , sourcils froncés , comme si elle récitait : les nôtres sont plus nombreux, plus errants, nulle terre, nul corps, nulle mémoire ne suffira jamais à les contenir. (...) Cette terre où nous vivons, et que nous voulons croire immémoriale, est une comme une couche d'argile, meuble et fragile, où se mêlent les vestiges de deux catastrophes : la nôtre est innommable, mais est-ce une raison pour nommer la leur du nom de notre victoire? Telle est l'histoire dont nous héritons, la tragédie qui nous poursuit : on a réparé un crime absolu par une terrible injustice.
Une lecture en apnée totale avec des larmes aux lisières des yeux. Et c’en est presque terrible d’écrire que j’ai trouvé ce livre splendide…
... Et il faut que Sarah comprenne dans quelle folie elle vit. Et comme je la regardais stupéfaite, elle reprit : oui, tous ici, Israéliens et Palestiniens, Arabes et Juifs, comme tu voudras, nous partageons la même folie, c’est elle qui, comme la terre, nous divise et nous réunit. Nous partageons une même hantise, tous, nous sommes habités par des cohortes de morts. Elle se tut un instant et puis, les yeux baissés , sourcils froncés , comme si elle récitait : les nôtres sont plus nombreux, plus errants, nulle terre, nul corps, nulle mémoire ne suffira jamais à les contenir. (...) Cette terre où nous vivons, et que nous voulons croire immémoriale, est une comme une couche d'argile, meuble et fragile, où se mêlent les vestiges de deux catastrophes : la nôtre est innommable, mais est-ce une raison pour nommer la leur du nom de notre victoire? Telle est l'histoire dont nous héritons, la tragédie qui nous poursuit : on a réparé un crime absolu par une terrible injustice.