mardi 24 décembre 2019

Déjà ou pas

2019 tire bientôt sa révérence.
2019 et trop peu de lectures coup de coeur comme Murène de Valentine Goby pour ne citer que lui.

2019 et de beaux moments de partage autour de la solidarité.
2019 et des projets qui ont vu le jour.
2019 et des longueurs de piscine, des kilomètres avec notre chien Darwin.
Mais il y a eu  et il y a encore  de grands soucis, des inquiétudes légitimes mais nous allons réussir à passer un réveillon de Noël en décalé.
Alors vivement une nouvelle année pour effacer le tableau noir et repartir que sur du positif.

Amusez-vous bien et à très bientôt !!!!


mercredi 13 novembre 2019

Valeria Luiselli - Archives des enfants perdus

Éditeur : Editions de l'Olivier - Date de parution : Août 2019 - Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Nicolas Richard - 540 pages

Ils sont quatre à effectuer un périple en voiture à travers les Etats-Unis pour rejoindre le Sud. Une voiture avec en son bord les deux  parents et leurs deux enfants de dix et cinq ans nés d'unions respectives, et dans le coffre des boîtes d'archives contenant livres, enregistrements et un joyeux fatras. Une famille recomposée  où le père poursuit sa quête professionnelle sur Geronimo et sur les Apaches, et où la mère veut constater par elle-même le sort des enfants sud-américains immigrants,  des  enfants souvent  refoulés près de la frontière mexicaine et séparés des leurs.

Ce roman est absolument étonnant et fascinant de la première à la dernière ligne tant par sa forme que par ses propos. Valeria Luiselli mêle l'histoire intime de cette famille à celle des Etats-Unis et à sa politique migratoire actuelle.  On est sur la trace des indiens, on plonge dans l'Amérique  d'hier et d'aujourd'hui,  on sourit des descriptions si précises sur le comportement des deux enfants, de leurs mimiques et  de leurs discussions.  Et l'auteure nous livre bien plus que des réflexions. A travers la voix de la mère puis celle du garçon, il y a leurs visions, leurs perceptions du monde et de celle de leur famille qui vit sans le savoir son dernier voyage.

Il y a une grâce dans cette écriture où l'imaginaire côtoie le réel, une sincérité qui m'a bouleversée et  une musicalité envoûtante. Une beauté et une fragilité que l'on ressent viscéralement, des sons qui nous enveloppent et qui contrastent avec l'horreur du sort réservé à certains de ces enfants qui ont perdu le droit à l'enfance.
Un livre où des enfants se construisent et d'autres se perdent, un livre où les sons oubliés ou en passe de le devenir sont capturés et archivés,  un livre dont l'écho résonne et vous habite longtemps.

C'est subtil, intelligent et puissant bien loin d'une enquête de type journalistique. Un coup de coeur émaillé de références littéraires, de photos et de notes qui en font une lecture rare.

Une carte est une silhouette, un contour qui regroupe des éléments disparates, quels qu'ils soient. Cartographier c'est aussi un moyen de rendre visible ce qui habituellement n'est pas vu.

Les billets de CunéFanny et de Papillon.

vendredi 8 novembre 2019

Olivier Adam - Une partie de badminton

Éditeur : Flammarion - Date de parution : Août 2019 - 400 pages

Olivier Adam faisait partie des auteurs dont je lisais systématiquement (ou presque) ses romans. "Lisais" à l’imparfait car oui il y a eu un désamour ou plutôt une overdose de ses thèmes de prédilection. Les lisières ayant été de trop, je le boudais. Une partie de badminton m’a intriguée par son titre et sans lire la quatrième de couverture, je me suis lancée (je vis dangereusement) à le lire.

Alors me direz-vous ? Si Olivier Adam ne s’est toujours pas converti au roman léger et bien il fait preuve d’une jolie auto-dérision avec son personnage de Paul Lerner. Cet écrivain revenu en Bretagne près de Saint-Malo a connu le succès et à quarante-cinq ans, il croyait que ses livres allaient lui assurer un bel avenir. Lui qui avait embarqué sa femme et ses deux enfants en Bretagne a eu envie de retourner vivre à Paris. Sauf que l’argent s’est tari comme la vente de ses livres : adieu la vie parisienne et re-bonjour les terres bretonnes. Parce qu’il faut faire faire bouillir la marmite, il travaille comme journaliste local, sa femme souvent absente jongle entre ses cours de prof et un centre d’accueil aux migrants. Leur fille Manon adolescente regrette amèrement Paris et l’exprime à sa façon tandis que son frère âgé de dix ans s’est très bien adapté. Pour Paul, sa vie d’écrivain est du passé et il se questionne. A-t-il fait les bons choix pour lui et pour sa famille ?

Il y a du piquant, des réflexions joliment menées et  d'autres beaucoup moins. Et selon moi,  la fin tombe dans des clichés rocambolesques. Mais j’ai aimé ce Paul Lerner avec ses interrogations sur sa vie, sur son rôle de père et celui d’époux mais aussi avec toutes ses ambiguïtés.  Dans ce portrait d'un homme et de notre société, l'auteur m'a surprise par l'humour dont il fait preuve. Malgré des défauts, ce roman m'a presque réconciliée avec Olivier Adam.

S'était ensuivie une plongée rapide dans le seaux saumâtres de la dépression.C'était la combientième au fait ? La cinquième? dépression n°5. By Lerner. Paris.

Cuné  est plus enthousiaste.
Lu de cet auteur : A l'abri de rien - Des vents contraires - FalaisesLe coeur régulier - Les lisières